En 2025, les grandes entreprises ont publié leur premier rapport de durabilité conforme à la CSRD, marquant un tournant dans l’histoire du reporting extra-financier en Europe. Si les PME ne sont pas encore concernées directement par cette réglementation, elles en subissent déjà les effets, à travers les exigences croissantes de leurs donneurs d’ordre et l’évolution rapide du cadre réglementaire. Face à cette pression montante, structurer sa démarche RSE devient non seulement pertinent, mais stratégique.
Un cadre réglementaire en mutation, qui redéfinit les attentes
Entrée en vigueur en janvier 2024, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) impose aux grandes entreprises un reporting de durabilité bien plus rigoureux que l’ancienne DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière en vigueur depuis 2017).
Fondée sur les normes européennes ESRS (European Sustainability Reporting Standards), elle repose sur une double matérialité, une structuration normative précise et détaillée, et l’obligation d’un audit externe.
En 2025, les grandes entreprises françaises déjà soumises à la DPEF (plus de 500 salariés) ont donc publié leur premier rapport aligné sur cette nouvelle directive. Ce travail a nécessité une mobilisation massive de ressources — internes comme externes — pour structurer la collecte de données, aligner la gouvernance avec les enjeux de durabilité, et déployer une stratégie cohérente, adossée à des plans d’action concrets.
Les PME, quant à elles, restent en dehors du périmètre réglementaire… mais pas à l’abri de ses effets. De plus en plus souvent, leurs gros clients leur demandent des données RSE précises, structurées et documentées, dans le cadre de référencements, d’appels d’offres, ou de processus d’évaluation fournisseurs.
Ces exigences, issues du dispositif règlementaire européen, redéfinissent les pratiques commerciales et imposent un nouveau standard de transparence dans les chaînes de valeur.
Loi Omnibus : un allègement pour certains, un signal pour tous
Face aux critiques croissantes sur la complexité du dispositif CSRD, la Commission européenne a adopté début avril 2025 un ensemble d’ajustements, communément désignés sous le nom de « loi Omnibus ».
Loin d’un désengagement, ce paquet réglementaire réaffirme l’ambition d’un reporting de durabilité généralisé, mais mieux calibré aux capacités des entreprises. L’objectif est clair : progresser vers une transparence accrue sur les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance, tout en tenant compte de la diversité des tailles, des secteurs et des ressources.
Concrètement, cette réforme — dite aussi « Stop-the-clock » — prévoit un report de deux ans des prochaines vagues d’assujettissement à la CSRD :
- Toutes les entreprises non cotées (dépassant deux des trois seuils : 250 salariés, 50 M€ de chiffre d’affaires, 25 M€ de total bilan) initialement concernées en 2026 ne seront assujetties qu’en 2028 ;
- Les PME cotées (quelle que soit leur taille), quant à elles, voient leur entrée en vigueur repoussée de 2027 à 2029.
Au-delà du calendrier, la Commission annonce également une série d’allègements techniques, avec une révision en cours des seuils d’entrée et une réduction ciblée du nombre d’indicateurs à renseigner, notamment pour les entreprises les moins préparées. Il s’agit de préserver l’ambition du Green Deal sans provoquer de rupture dans la mise en œuvre opérationnelle du reporting.
Dans ce contexte, le standard volontaire VSME, publié en décembre 2024 par l’EFRAG (organisme européen chargé des normes), apparaît comme un outil de transition pertinent.
Le standard VSME : un référentiel volontaire appelé à faire école
Le VSME (Voluntary Standard for Micro, Small and Medium Enterprises) s’inscrit dans la volonté de la Commission européenne de proposer une trajectoire d’acculturation progressive à la durabilité pour l’ensemble du tissu économique, et non plus seulement les grandes entreprises.
Il propose un cadre structurant et proportionné, spécifiquement conçu pour répondre aux capacités limitées des TPE et PME, tout en anticipant les demandes croissantes des parties prenantes.
Volontaire aujourd’hui, il pourrait devenir demain un référentiel de fait dans les chaînes de valeur, et donc une attente implicite pour toutes les entreprises en B to B.
Le référentiel se décline en deux modules complémentaires, permettant aux entreprises de choisir un niveau d’engagement adapté à leur maturité et à leurs enjeux :
- Le module « Basic », conçu pour les microentreprises et petites structures, se concentre sur un socle restreint d’informations jugées essentielles (modèle d’affaires, gouvernance RSE, principaux impacts environnementaux et sociaux, politiques et objectifs de base). Il permet une première structuration sans complexité excessive.
- Le module « Comprehensive », destiné aux PME plus avancées ou soumises à des attentes plus fortes (par exemple, via leur chaîne de valeur ou des financeurs), introduit les notions de matérialité, de plan d’action, et propose une trame plus complète couvrant l’ensemble des piliers ESG (environnement, social, gouvernance), en lien avec les ESRS complets mais dans une version allégée et pragmatique.
Outre ces modules, le VSME intègre également des lignes directrices méthodologiques pour guider les entreprises dans la collecte des données, la rédaction du reporting, et l’auto-évaluation de leur maturité RSE. Il vise ainsi à outiller les entreprises pour une démarche progressive, lisible et crédible, sans alourdir démesurément leur charge de travail.
Bien qu’il reste à ce stade sans caractère obligatoire, le VSME est appelé à jouer un rôle structurant :
- Il fournit une trame de progression claire, à la fois accessible et alignée sur les contraintes opérationnelles des PME.
- Il offre un langage commun et un cadre partagé pour dialoguer avec les clients, investisseurs, banques ou partenaires publics.
Structurer sa démarche RSE : une montée en compétence progressive
Pour nombre de PME, le passage à un reporting structuré représente une rupture culturelle et organisationnelle. Peu d’entre elles disposent aujourd’hui d’une gouvernance dédiée, d’un plan d’action formalisé ou d’un système d’information adapté.
Pourtant, rien n’impose une mise en conformité brutale. Une montée en compétence graduelle, alignée sur les ressources de l’entreprise, est possible. Elle passe par quelques étapes clés : établir un diagnostic initial, structurer une gouvernance adaptée, prioriser ses enjeux via une analyse de matérialité, initier la collecte de premières données significatives (par exemple via un Bilan Carbone), et construire une feuille de route réaliste.
Ce processus progressif permet non seulement de répondre aux exigences du marché, mais surtout de renforcer la robustesse stratégique de l’entreprise.
Un levier de transformation et de résilience
La mise en place d’une stratégie RSE structurée, même en dehors de toute obligation réglementaire, agit comme un véritable levier de transformation. Elle rend l’entreprise plus lisible, plus agile, et mieux armée face aux incertitudes : transition climatique, évolutions sociales, mutations technologiques, tensions d’approvisionnement ou instabilité réglementaire.
Elle contribue aussi à fidéliser les clients, à attirer des talents, et à donner du sens à l’action collective. En somme, elle aligne performance économique et responsabilité, en transformant la contrainte apparente en opportunité durable.
Un accompagnement sur mesure
BThConseil accompagne les PME en B to B qui souhaitent structurer une démarche RSE crédible et à leur mesure. Notre approche est fondée sur le pragmatisme, la progressivité, et l’accès aux dispositifs de financement public.
Nous proposons deux formats d’intervention :
- Un accompagnement court (1 à 3 mois) pour répondre efficacement aux sollicitations RSE des donneurs d’ordre : questionnaires, notation EcoVadis, Bilan Carbone…
- Un parcours structurant (6 à 12 mois) pour définir une stratégie de durabilité engageante et impliquante, en lien avec les enjeux réels de l’entreprise.
Ces prestations sont en partie finançables via le Diag Décarbon’Action ou le dispositif ACT Pas-à-Pas de l’ADEME.
Structurer votre démarche RSE dès aujourd’hui, c’est gagner en clarté, en crédibilité, et en résilience. Parlons-en.