Les engagements des banques françaises pour lutter contre le changement climatique sont encore bien timides.
Ce 29 octobre 2020 s’est tenu au Palais Brongniard, le 6ème Climate Finance Day.
Les principaux acteurs financiers (Crédit Agricole, SFIL, Société Générale, Caisse des Dépôts et Consignations, Banque de France…) ont présentés leurs actions et leurs engagements pour lutter contre le changement climatique, qui impacte considérablement leurs activités et leurs modèles, en termes de réévalutation des risques et des garanties, par exemple.
Il semble que la voie ouverte par Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, pour “intégrer dans sa révision stratégique la manière dont la politique monétaire peut contribuer à la lutte contre le changement climatique” fasse échos.
Dans le même temps, ce même mois d’octobre sortaient 4 rapports d’ONG accablants pour les banques :
– Un rapport de l’Oxfam sur les 6 principales banques françaises dénonce leurs investissements : ils contribueraient à un réchauffement climatique de plus de 4 degrés d’ici 2100, si elles ne changeaient pas leur feuille de route.
Certes, les banques se sont désengagées du charbon, mais “les crédits aux entreprises actives dans le secteur du pétrole et gaz uniquement représentent plus de 40% des émissions de Co2 de leur portefeuille ” souligne l’ONG.
– un rapport de Reclaim Finance constate que, sur les 442 fonds d’épargne commercialisés en France, 380 sont investis dans des entreprises “aux pratiques sociales et environnementales dangereuses” voire scandaleuses…
– Un rapport de Tranparency International EU montre que, sur les 39 banques européennes examinées, au moins 31 d’entre elles ont profité de paradis fiscaux entre 2015 et 2019 dont BNP Paribas...
– Un rapport de Portfolio Earth examine les investissements des 50 établissements financiers les plus importants du monde dans des secteurs destructeurs de la biodiversité : dans le top10 figurent 3 banques européennes dont une française, BNP Paribas. Plus surprenant, le Crédit Agricole se place en 12ème position.
Si les banques critiquent les méthodes de calcul les incriminant, déplorent le manque de données granulaires relatif à l’analyse du risque climatique, prônent la qualité de leurs services rendus à leurs clients ou soulignent la complexité de leurs activités et des règles comptables afférentes, en revanche, elles semblent peu enclin à la transparence (en améliorant l’information rendue, par exemple) ou à se désengager des activités humaines utilisant le pétrole, qu’elles qualifient encore de “vitales pour nos concitoyens”.
Aucun engagement révolutionnaire de ce secteur donc, pour construire le monde de demain qui conciliera performance économique, progrès social et préservation de l’environnement, mais un commencement de réponse à la question que le colloque posait à ces institutions financières “How to reboot the european real economy ?“.
Le Climate Finance Day : prémice du sommet Finance en commun
La France accueille du 9 au 12 novembre 2020 le sommet Finance en commun, réunissant 450 banques publiques de développement à l’initiative de l’Agence Française de Développement.
Les ONG du Réseau Action Climat attendent des engagements concrets de ces instances pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, et en particulier, qu’elles cessent de financer les énergies fossiles d’ici 2022.
Le monde de la finance est donc très attendu sur ces questions. Après tout, ne représente-t-il pas le bastion phare d’un capitalisme rattrapé par ses dérives…