L’Eco-anxiété allonge la liste des RPS, risques psycho-sociaux et invite les entreprises à lancer leur démarche RSE pour éviter les injonctions contradictoires qui en sont souvent à l’origine.
Cette génération Greta bien difficile à séduire…
Depuis son discours au sommet des Nations Unions fin 2018 (à la COP24), Greta Thunberg, cette jeune suédoise militante, est l’étendard de ce mouvement de jeunes qui interpellent les décideurs sur les conséquences du réchauffement climatique. En réalité, leur contestation s’élève partout dans le monde et elle s’amplifie devant l’inaction.
Qui n’a pas entendu parler du discours de Clément Choisne lors de la remise de son diplôme à Centrale Nantes en septembre 2018, visionné sur les réseaux sociaux plus d’un million de fois ?
Ce jeune ingénieur commence son intervention par un extrait d’un autre discours, si transposable au présent, celui d’Albert Camus au prix Nobel à Stockholm (encore la Suède) en 1957 :
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. ». Puis il détonne avec les enseignements de son établissement prestigieux en déclarant : « je suis incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur, en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation ». Tout est dit…
Le réveil sonne
Ce discours fait échos au manifeste du collectif « Pour un réveil écologique » signé par près de 33 000 étudiants de l’enseignement supérieur qui réclament que les questions liées au dérèglement climatique et aux inégalités sociales soient inscrites aux programmes de leur formation* et s’engagent en s’armant pour choisir un job aligné sur leurs convictions. En entretien, dotés d’un guide de bonnes questions, ils challengent les recruteurs des entreprises sur leur politique environnementale, leur demandent quels sont leurs engagements, comment elles les mettent en œuvre, avec quels moyens et quels leurs résultats : ils leur demandent des comptes !
Le film « Rupture(s) » d’Arthur Grosset, qui vient de sortir ce mois-ci sur la plateforme Spicee, compilent les témoignages de 6 jeunes sortis de Polytechnique, Sciences Po, Centrale ou de grandes Ecoles de commerce qui refusent de participer à notre système capitaliste et consumériste.
Une étude de la Fondation Jean Jaurès (Macif / BVA) menée auprès de 1 000 jeunes adultes de 18 à 24 ans et présentée le 16 décembre dernier, révèle qu’un sondé sur trois estiment que l’entreprise doit être utile pour la société et qu’elle doit s’engager pour l’environnement.
Anecdotique diriez-vous au regard des 2,7 millions d’étudiants inscrits en France ? Peut-être…mais combien étaient-ils en mai 68 sur les rambardes de La Sorbonne, initiant un tel mouvement social qu’il a renversé une société trop conservatrice ?
De quoi souffrent ces jeunes ?
L’éco-anxiété, ce nouveau risque psycho-social (RPS)
Selon une étude publiée par The Lancet Planetary Health auprès de 10 000 jeunes entre 16 et 25 ans dans 10 pays réalisée en mai et juin 2021, ils seraient 75% a considéré que leur avenir est effrayant et 45% à souffrir d’éco-anxiété affectant leur quotidien.
Ce nouveau terme ne définit pas une petite anxiété « au rabais » mais une inquiétude bien réelle provoquée par le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement, qui rendent l’avenir incertain, pour ne pas dire inexistant, condamné. Intitulé « Don’t Choose Extinction », le court métrage choc, actuellement en ligne, du PNUD (Programme des Nations Unis pour le Développement) sonne comme un avertissement : nous finançons notre propre perte.
Pour certaines personnes, l’éco-anxiété (ou solastalgie) provoque un tel questionnement qu’il déclenche une perte de foi en l’humanité et le développement de véritables pathologies liées à ce stress : perte du sommeil, dépression…
« L’homme est un loup pour l’homme » écrivait le philosophe Thomas Hobbes dans le Léviathan.
Plus pragmatique et plus positive, dans son ouvrage sur l’éco-anxiété publié chez Fayard, Alice Desbiolles, médecin en santé publique spécialisée en santé environnementale, mère et citoyenne, met des mots sur ces maux et propose 10 techniques pour soigner cette anxiété en relativisant : méditation, retours à la nature, engagement dans son foyer ou sa cité, rapport recentré sur le présent…
Le sujet est à prendre au sérieux : au sentiment d’impuissance face à l’immensité des dégâts sur la planète peut se substituer ou s’ajouter un sentiment de culpabilité chez le salarié d’une entreprise non-contributive qui se traduit par un mal-être voire de la démotivation.
La RSE pour soigner ces maux
Pour prévenir les risques psycho-sociaux provoqués par l’injonction contradictoire entre les engagements personnels ou les valeurs de leurs collaborateurs-citoyens et leur travail (potentiellement source de pollution ou d’inégalités), pour recruter de jeunes talents, pour motiver ou fidéliser leurs équipes, les entreprises vont devoir concilier leur performance avec la maîtrise de leurs impacts négatifs en menant une démarche RSE (de responsabilité sociétale).
Engager ce projet d’entreprise n’est plus une option, c’est une injonction de ces parties prenantes, jeunes et moins jeunes, candidats ou salariés, mais tous citoyens d’un monde qu’ils voudraient préserver.
C’est l’occasion d’occuper un terrain sur lequel vous êtes encore seul et légitime, une opportunité de différenciation. Une démarche RSE bien menée vous permettra d’être clairs et alignés sur vos engagements sociaux et environnementaux pour devenir attractif…c’est tout l’objet de mon accompagnement !
* HEC Paris vient de lancer un programme sur 3 semaines pour former ses étudiants à la préservation de la biodiversité
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